Alors que les négociations budgétaires fédérales vont débuter, le président du MR Georges-Louis Bouchez pose le cadre : pas question de négocier une réforme fiscale s’il n’y a pas en même temps une ambitieuse réforme du marché du travail
Le MR arrive avec des propositions concrètes pour augmenter notre taux d’emploi, afin d’augmenter les recettes publiques et réduire les dépenses. C’est essentiel si l’on veut mettre en œuvre une réforme fiscale efficace.
« La fiscalité n’est pas déconnectée de l’économie », rappelle Georges-Louis Bouchez sur la Première. « On est un des trois pays de l’OCDE qui taxent le plus le travail car notre taux d’emploi est trop faible. Moins les gens travaillent, plus il faut les taxer ». Le président du MR rappelle qu’atteindre un taux d’emploi de 80% entrainerait 40 milliards de recettes directes et indirectes supplémentaires.
Pour Georges-Louis Bouchez, notre pays a besoin d’un tax cut (une réduction d’impôts significative) et pas d’un tax shift (un déplacement d’impôts). Pas question pour lui de réduire la fiscalité sur le travail pour augmenter celle sur le capital. « Je rappelle que les loyers sont déjà taxés entre 20 et 30%. On caricature les propriétaires, qui sont souvent de petits pensionnés qui ont acheté un second bien pour augmenter leur pension. Le capital est taxé via le précompte mobilier, le précompte immobilier, les droits d’enregistrement… ». Le président du MR souligne que ce capital est nécessaire pour favoriser la relance de l’économie via l’investissement. « La taxe comptes-titres est par exemple une taxe anti-start up. Elle cible les investissements à risque, qui devraient pourtant être encouragés. Veut-on que les investisseurs se déplacent à l’étranger ? ».
Dans Le Soir, le MR met aussi en garde à propos des niches fiscales : « en les supprimant, on risque de porter atteinte à des secteurs qui fonctionnent bien, comme l’industrie pharmaceutique en Brabant wallon vu que les chercheurs bénéficient d’un régime favorable ».
Parmi les propositions du Mouvement Réformateur, l’indexation des barèmes fiscaux. « On paie trop vite trop d’impôts », rappelle Georges-Louis Bouchez. « Dès 41.000 euros brut, chaque euro supplémentaire est taxé à 50 % ». Dans le même temps, l’augmentation de la quotité exemptée d’impôt encouragerait ceux qui gagnent entre 1.500 et 3.000 euros net. « Ils gagnent moins que des personnes touchant le revenu d’insertion sociale (RIS) car ils n’ont droit ni au tarif social, ni aux aides diverses. On doit par ailleurs s’interroger sur le volume d’aides sociales accordées à certaines personnes ». Le MR rappelle également sa proposition de défiscalisation de l’index. « Le mécanisme de l’indexation automatique est préservé, mais l’employeur ne paie pas les cotisations patronales », détaille le président du MR. « Cela permettrait aux entreprises d’économiser un milliard d’euros. Cela permettrait aussi d’éviter une catastrophe sociale en janvier, quand les prix de l’énergie seront au sommet, car cela peut sauver des emplois. Cette défiscalisation fait perdre de l’argent à la Sécurité sociale, mais cette perte serait bien plus importante si le taux de chômage explose ».
Parmi les autres propositions du MR :
- La suspension du cliquet positif. Quand le prix du baril diminue, le prix à la pompe ne diminue que de 50% car le reste est transformé en accises, afin d’éviter que le prix du carburant soit trop bas (politique écolo). Le MR souhaite que les consommateurs bénéficient de 100% de cette baisse.
- L’exonération de cotisations sociales des heures de disponibilité. Il s’agit par exemple des heures que les chauffeurs de poids lourds passent à l’étranger, hors de leur camion.
- Offrir durant huit trimestres un abattement trimestriel de 1.500 euros par nouvel engagement sur les cotisations sociales pour toutes les PME de moins de dix travailleurs. Une proposition rentable à partir de 912 emplois créés.
Pour le MR, face à l’augmentation des prix de l’énergie, la meilleure politique sociale est donc l’emploi. C’est pour cela que le MR veut renforcer l’activation des demandeurs d’emplois et encourager le retour au travail des malades de longue durée. Il s’agit ici par exemple de :
- Exclure un chômeur après deux ans de chômage et deux refus de formation ou d’emploi pour un métier en pénurie.
- Dans le même cas, pour les bénéficiaires du Revenu d’intégration sociale, raboter le RIS de 10 % et imposer un projet individualisé d’intégration sociale (PIIS).
- Imposer un travail communautaire après deux années de chômage ou de RIS sous peine de perdre son allocation.
- Déduire fiscalement les formations pour les métiers en pénurie dispensées par les entreprises.
- Octroyer une prime de 3.600 euros aux employeurs qui remettent au travail un malade de longue durée
- Mobiliser les offices régionaux de l’emploi pour remettre à l’emploi les malades de longue durée.
- Retirer aux syndicats le paiement des allocations de chômage
- En finir avec la gestion paritaire de certains organismes (implication des syndicats, des mutuelles…) pour donner le pouvoir à l’administration.
« La solidarité, ce n’est pas demander aux gens qui bossent de payer : c’est demander à chacun de participer à l’effort en travaillant », conclut le président du MR.
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