Pour le journal De Standaard, le président du MR, Georges-Louis Bouchez, est, avec le Premier ministre Bart De Wever, l’homme de l’année 2025. Une raison suffisante, selon eux, pour dresser un portrait de fin d’année. Il en est ressorti une longue interview de week-end, consacrée à son cher Mouvement Réformateur, qu’il a transformé en un véritable parti populaire libéral. « Le MR défend les gens qui travaillent. »
Dès les quatre premières questions, Bouchez a posé les bases d’une discussion passionnée.
C’est l’année où vous avez encore davantage aligné le MR sur “la droite camping-car”. Soudain, le MR est contre un saut d’index et contre une hausse de la TVA. Les libéraux ne défendent-ils plus les entreprises et les riches ?
« Notre combat pour le panier de courses est essentiel. Le MR veut défendre les gens qui travaillent, défendre la classe moyenne. C’est vrai : un saut d’index ou une augmentation générale de la TVA, ce sont des mesures que le MR aurait autrefois facilement acceptées. Mais le MR a changé. J’ai fait évoluer le MR vers un parti plus populaire. »
Qu’est-ce qu’il faut exactement comprendre par là ?
« Je suis convaincu qu’il faut unir trois courants de droite, comme Nicolas Sarkozy l’a fait en France en 2007. D’abord, la ligne que je viens d’évoquer : un parti qui valorise le travail – la ligne bonapartiste. Mais nous restons aussi un parti économiquement libéral et de droite, opposé aux impôts et aux dépenses publiques excessives. Enfin, les libéraux de droite doivent défendre nos traditions culturelles, notre identité. Mon ambition est de réunir ces trois tendances dans un seul parti. »
Ce dernier point est tout de même nouveau pour le MR. Vous êtes plutôt conservateur que véritablement libéral, non ?
(balayant la remarque) « Chez nous, on est déjà qualifié de conservateur dès qu’on ne suit pas tout le discours woke de la gauche. Regardez où cela a mené l’Open VLD. Le parti voulait être économiquement à droite et socio-culturellement à gauche. Cela ne fonctionne pas en Belgique. Ici, il faut être de droite sur toute la ligne. Sinon, vous êtes un bobo qui ne parle qu’à trois pour cent de la population. »
Mais tout de même, un président libéral qui défend la crèche de Noël, cela paraît contradictoire.
« Pas du tout. Je pense à cent pour cent que la religion appartient à la sphère privée, et c’est pourquoi je suis, par exemple, contre les signes religieux dans l’administration. Mais une crèche, ce n’est plus un objet religieux. C’est tout simplement une part de notre tradition. Si vous célébrez le lundi de Pâques et que vous avez congé, cela fait-il de vous un chrétien conservateur ? Allez-vous remercier Dieu pour ce jour de congé ? Ou bien considérez-vous cela simplement comme un élément de notre patrimoine ? »
Le vendredi soir, M. Bouchez a également pris le temps de se rendre sur le plateau de De Afspraak op Vrijdag (VRT CANVAS). Il y a évoqué, avec Ivan De Vadder, l’actualité de la semaine écoulée.
« L’Europe est de plus en plus marginalisée sur la scène mondiale », a averti le leader du MR. « Pour sa défense, elle dépend des États-Unis ; pour son énergie, des pays arabes et de la Russie ; et pour son industrie, de la Chine. Si nous voulons redevenir influents à l’international, nous devons retrouver notre autonomie dans ces trois domaines. »


