Pour Georges-Louis Bouchez, cette polémique démontre qu’il y a en Belgique deux visions de l’école : une école qui émancipe, qui tire vers le haut, et une école qui abaisse la valeur du diplôme.
La réforme du Décret Paysage initiée par la ministre de l’Enseignement Supérieur Valérie Glatigny a été votée il y a deux ans. Son objectif est d’améliorer le taux de réussite des étudiants en clarifiant les critères permettant d’obtenir son diplôme. Le Décret Paysage a en effet contribué à allonger la durée des études. Cela coûte cher aux étudiants et à leurs familles (minerval, logement etc.), ce qui accentue la précarité des plus fragiles, et cela coûte cher à la collectivité, qui finance les études. Grâce à la réforme, les étudiants ne pourront plus autant étaler leurs études dans le temps. En parallèle, un renforcement de l’accompagnement est prévu. Et le décret laisse de la souplesse aux jurys tout en permettant aux étudiants qui le souhaitent de se réorienter.
PS et Ecolo, avec le souffle du PTB dans leur cou, viennent de découvrir que certains étudiants ne seraient bientôt plus finançables. Une situation qui se produit chaque année et qui concerne les étudiants qui ont accumulé trop d’échecs pendant trop de temps. PS et Ecolo veulent donc geler la réforme, et permettre à tous les étudiants de continuer leur parcours, qu’ils aient réussi ou pas. C’est un non-sens pour le MR. « Je trouve ça un peu particulier que deux partenaires, à quelques semaines de l’échéance électorale, remettent en cause un décret qui a été voté il y a deux ans en disant qu’ils n’avaient pas compris les conséquences », explique Georges-Louis Bouchez. « Je suis très inquiet sur la qualité de leur centre d’études. C’est même pire que ça. Vous avez donc des députés qui votent des décrets sans anticiper les conséquences ». Il ne faut pas se tromper : c’est bien l’approche des élections qui motive l’attitude du PS et d’Ecolo.
La ministre actuelle de l’Enseignement Supérieur Françoise Bertieaux ne compte pas céder à la pression, pas plus que le ministre-président de la Fédération Wallonie-Bruxelles Pierre-Yves Jeholet. Le décret a été voté dans les règles. C’est une question de crédibilité et de principe. « Plus de 90 % des étudiants concernés par la non-finançabilité à la rentrée prochaine sont des étudiants qui sont à leur 7e voire leur 8e année d’étude, pour un bachelier qui se réussit normalement en trois ans. Il y en a qui sont à leur 24e session d’examens. Je ne sais pas dans quel film on nous a expliqué que l’université, c’était la pêche au canard, et que tout le monde devait repartir avec un cadeau », dénonce Georges-Louis Bouchez, qui voit dans ce débat un enjeu philosophique. Deux visions de la société, et donc de l’école, s’affrontent : la vision du MR, qui promeut une école qui émancipe, qui tire vers le haut, et la vision des partis de gauche, qui abaisse la valeur du diplôme ».
Pour le MR, toute cette polémique n’aurait pas eu lieu si les partis de gauche n’avaient pas pris pour argent comptant les chiffres avancés par la Fédération des Etudiants Francophones. Ces chiffres sont incorrects et contestés par les universités et hautes écoles. Cette manipulation ne profite pas aux étudiants qui vont entamer leur blocus. Le MR, lui, va continuer à soutenir cette réforme qui donne déjà des résultats positifs. « Les étudiants savent aujourd’hui qu’il y a un couperet, donc c’est plutôt utile. En janvier dernier, le taux de réussite était ainsi supérieur aux années précédentes ».