Question d’actualité du 19/11/2014 sur « la campagne de dénonciation de viols au Canada » adressée à Mme Isabelle Simonis, ministre de l’Enseignement de promotion sociale, de la Jeunesse, des Droits des femmes et de l’Égalité des chances
Question – Nous terminerons par une question de société particulièrement grave, celle du viol. Mais avant toute chose, je tiens à féliciter M. Courard pour son élection à la présidence de cette assemblée. Une campagne vient de voir le jour dans les réseaux sociaux au Canada. Des personnes victimes d’actes de viol ou d’agressions sexuelles en tous genres témoignent. Il ne s’agit pas de délations mais de récits de vie. Elles évoquent en particulier certaines réactions qu’elles, majoritairement des femmes, ont dû subir après les actes commis, par exemple des questions sur la manière dont elles étaient habillées ou sur leur comportement… Comme si on pouvait partager la responsabilité d’avoir été victime d’un viol ! Je rappelle qu’actuellement, il se commet sept viols par jour en Belgique. Selon les études et les régions du monde, seul un sur cinq – voire un sur dix – donne lieu à un dépôt de plainte. Ceci montre à quel point le sujet est tabou. C’est également une question qui relève de l’éducation. À ce titre, elle pourrait aussi concerner la ministre de l’Enseignement. Ce tabou étant encore présent en Fédération Wallonie Bruxelles, notre institution ne pourrait-elle pas se joindre à cette action? Elle pourrait peut-être développer un « hashtag » en le déclinant en français et le valoriser par le biais de nos moyens de communication officiels. Ceci montrerait que tous les élus soutiennent clairement les victimes et ne veulent pas que la responsabilité d’un viol soit renversée, comme c’est parfois le cas.
Réponse – Merci, monsieur le député, pour votre question qui fait référence à une campagne sur Twitter. Il existe déjà en fait deux « hashtags » spécifiques à la dénonciation du viol en Fédération Wallonie-Bruxelles, en français : « agression non dénoncée » et « violée, jamais dénoncée ». Néanmoins, votre question me permet de revenir sur ce fléau extrêmement important dans notre pays et aussi de vous exposer ce que le gouvernement compte faire au sujet du viol. Une étude récente d’Amnesty International indique que 56 pour cent des Belges connaissent au moins une victime de violences sexuelles graves. Ces données sont impressionnantes. C’est pourquoi je compte mettre la question du viol au centre de mon programme de lutte contre les violences faites aux femmes et prendre un certain nombre de mesures concrètes. Utiliser les réseaux sociaux est certes important pour révéler le phénomène, mais ce qui est fondamental, c’est que la Fédération Wallonie-Bruxelles soutienne des associations comme SOS-Viol. Des professionnels y assurent l’accueil, le soutien et l’accompagnement des victimes et leur proposent une écoute, des conseils juridiques et une aide pour accomplir les démarches sociales nécessaires.
Réplique – Je vous remercie, madame la ministre, pour votre réponse et votre intérêt pour cette question. Vous avez souligné un point important, le soutien matériel de ces associations. Mais une fois encore, puisque nos structures nous permettent de trouver un écho important auprès de la presse et dans l’opinion publique, je suggère d’utiliser tous les moyens de communication pour tenter de joindre ce public qui n’ose pas toujours s’exprimer – c’est d’ailleurs une des difficultés essentielles que rencontrent les victimes de ces actes affreux, en plus de les avoir subis. Je ne manquerai pas de revenir sur cet important problème de société.