Georges-Louis Bouchez était l’invité de « C’est pas tous les jours dimanche » le 22 mai sur RTL-TVI. Il a débattu avec le coprésident d’Ecolo Jean-Marc Nollet, pour la première fois de la législature. L’occasion de constater les divergences entre les deux partis.
Il a tout d’abord été question de nos investissements en matière de Défense. « La Belgique a pris en 2014 l’engagement d’atteindre les 2% du PIB en 2025 en matière d’investissements dans la Défense, et on reporte déjà cette échéance de dix ans », dit le président du MR, qui souhaite respecter l’accord de gouvernement. Ecolo ne souhaite pas atteindre ce pourcentage, ce que dénonce le MR. « Il faut rappeler qu’on n’atteindra pas 2% n’importe comment », explique Georges-Louis Bouchez. « Il y aura tout d’abord une meilleure intégration entre pays de l’OTAN : chacun doit se spécialiser afin que les Etats aient ensemble l’armée la plus efficace. Ensuite, nous avons demandé des retours financiers (ces investissements industriels profiteront à des entreprises wallonnes). Il y a également la question de l’utilité civile. On peut imaginer construire un hôpital militaire qui puisse également traiter les civils. Enfin, il faut tenir compte de la situation mondiale ». Georges-Louis Bouchez rappelle d’ailleurs qu’Ecolo a longtemps été favorable à une sortie de l’OTAN. Or, on voit aujourd’hui que plusieurs pays souhaitent rejoindre cette organisation car la réalité du monde a changé. Le président du MR attire aussi l’attention sur un point : ces dernières années, la Chine a augmenté ses dépenses militaires de 500%, la Russie de 300% et l’Europe de 20% seulement. « La Belgique doit développer une stratégie pour s’aligner sur les engagements pris par les pays européens non-nucléaires en matière de développement militaire. Tous s’engagent pour atteindre ces 2%. Je rappelle quand même que lors des inondations de l’été dernier, on n’était même pas capable d’avoir des bateaux pour sauver les gens, cela prouve l’état de déliquescence de notre armée », conclut Georges-Louis Bouchez.
Le débat a ensuite porté sur la fiscalité. Ecolo veut taxer les « riches ». « Je ne sais même pas de quelle taxe on parle », dit Georges-Louis Bouchez. « La taxe sur les revenus existe déjà et aujourd’hui les 10% les plus riches contribuent déjà à 47% de l’IPP. Une taxe sur le patrimoine ? Il n’existe pas de cadastre des fortunes. Donc la seule taxe que je vois, c’est l’augmentation de la taxe sur les comptes-titres. Elle est déjà de 0,15%. Or, aujourd’hui on a besoin de capitaux à risque pour permettre des investissements dans des entreprises belges. Les start-ups attendent d’aller en bourse pour créer de l’emploi. Si on augmente la taxe compte-titres, ce qui n’est pas prévu par l’accord de gouvernement, ces capitaux vont partir au Grand-Duché de Luxembourg ».
Le MR regrette la communication d’Ecolo, basée sur des slogans : le MR protège les riches, le MR est conservateur… « En France, 98% de la base taxable est certes restée au pays après la mise en place de l’Impôt sur la Fortune. Mais les 2% les plus riches sont partis », explique Georges-Louis Bouchez. « Oxfam en 2017 a édité un rapport fixant la Belgique dans le top 3 des pays les plus égalitaires au monde. Ce qu’il faut faire, c’est baisser l’impôt. Une nouvelle taxe retombe toujours sur la classe moyenne ».
Jean-Marc Nollet a ensuite évoqué sa volonté de réformer la loi de 1996 sur la formation des salaires, afin de permettre des augmentations salariales. Le MR s’y oppose. « Cette loi de 1996, c’est deux éléments : l’indexation automatique des salaires et leur encadrement », rappelle Georges-Louis Bouchez. « Sur la période 2020-2022, les salaires en Belgique ont augmenté de 16% de plus que dans les pays voisins, grâce à l’indexation automatique. Il importe donc de maintenir un équilibre. Il faut se souvenir que 80% de l’emploi en Belgique est créé par des PME pour qui l’indexation est déjà très lourde ».
Au passage, le président du MR souligne que l’Etat belge a un des plus faibles taux d’emploi de l’Union Européenne, une très grosse pression fiscale, des dépenses publiques élevées… « Si on veut baisser l’impôt, il faut augmenter le taux d’emploi », déclare Georges-Louis Bouchez.
En matière énergétique, le MR dénonce un abandon de poste de la part de la ministre fédérale de l’Energie Tinne Van De Straeten. « La décision fédérale sur la prolongation du nucléaire était une obligation de résultats pour elle, mais la ministre n’a rien fait et c’est le Premier ministre qui tente de sauver la situation. La ministre a sciemment saboté la voie de la prolongation. Y arrivera-t-on ? Oui, car il n’y a pas d’impossibilité technique. Engie essaie d’avoir plus d’argent mais doit respecter l’intérêt général ».
Le MR estime qu’Ecolo veut aujourd’hui détricoter l’accord, ce qui débouchera sur l’émission de millions de tonnes de CO2 en plus dans l’atmosphère. « Le gaz russe, on va bientôt s’en passer. Je ne vois donc pas comment se passer du nucléaire, qui est sûr et efficace. Il faut du volontarisme, ce qui a manqué à Tinne Van De Straeten et on se retrouve donc aujourd’hui dans une situation très déforcée ».
Enfin, le débat a brièvement abordé le débat en cours à Bruxelles sur l’abattage rituel. Georges-Louis Bouchez s’étonne : « En Wallonie, PS et Ecolo ont voté unanimement pour la protection animale. Mais à Bruxelles, on chipote. Hormis les questions religieuses, je ne vois pourtant pas de différences. Au MR, il y a une ligne claire que l’ensemble des députés vont respecter, afin de soutenir l’abattage avec étourdissement préalable ».
En conclusion, le président du MR précise que, même si les divergences avec Ecolo sont nombreuses, seul le débat démocratique compte. « L’important est de parvenir à des accords. On n’a pas le choix, car nous voulons tous les deux le meilleur pour l’avenir du pays », conclut Georges-Louis Bouchez.
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