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« À mon arrivée, en compagnie de deux autres personnes, ils me huent. L’un me dit : « Crève, pourri ! ». Je vais vers lui pour discuter, je me fais empoigner, au point qu’un policier a dû intervenir. Puis, j’ai pris un fumigène sur le bras. J’ai encore mal (on lui a diagnostiqué une petite déchirure du tendon, NdlR), mais je m’en tire bien. Pour le même prix, je me le prenais dans le visage. Si j’étais passé sans rien dire, on m’aurait reproché de les toiser. Si je veux discuter, on consi- dère que je provoque. Cette attitude est inacceptable ! Je ne suis pas payé pour me faire boxer. »

(article à lire sur www.laprovince.be )
Communiqué de presse:
Lettre ouverte à Thierry Bodson ou le syndrome de la jupe trop courte…
Ce lundi, des membres de la FGTB étaient présents devant l’entrée de la FEB, non pas avec des tracts, des documents ou une délégation pour échanger et débattre mais bien pour faire une haie du déshonneur. Le but ? Huer voire insulter ceux qui se rendaient à ce forum ayant pour but de présenter les priorités de la Fédération patronale. Intérêt pour les travailleurs ? Nul. Impact sur les relations sociales ? Destructeur. En effet, si le peuple est souverain, la foule, elle, est souvent folle, surtout quand elle est excitée par des irresponsables ou des cyniques qui montrent les muscles dans la rue et rigolent bien sympathiquement dans un studio de télévision ou dans un salon feutré de négociations.
 A cette occasion, j’ai été pris à partie physiquement par des manifestants. Interrogé sur la question par Sud Presse, Thierry Bodson a eu cette réponse lunaire : « Contrairement à ce qu’il prétend, je vous certifie qu’il n’est pas allé vers ce syndicaliste pour discuter, ce n’était pas son intention ! Il serait peut-être temps que M. Bouchez se remette un peu en question et se pose la question de savoir pourquoi il est le seul à avoir eu ce problème. »
Il y a donc trois éléments dans ce propos :

  1. « Je n’ai pas été vers ce syndicaliste pour discuter » Ah bon ? Pour quelle raison ou avec quel objectif alors ? Avais je une batte de baseball à la main, une arme peut être ? L’ai-je insulté ? Je lui ai juste demandé pourquoi il se permettait de m’insulter et s’il ne souhaitait pas plutôt échanger. Où est donc le problème Monsieur Bodson ?
  2. Je dois me remettre en question car je suis le seul à qui s’est arrivé. Bien sûr, les autres ne se sont pas arrêtés. Sauf bien sur la camarade Karine qui elle avait les faveurs du syndicat socialiste. Donc, quand on ne s’arrête pas devant un groupe de manifestants, on nous reproche de les toiser. A l’inverse, le faire est assimilé à de la provocation… Bienvenue en absurdie. Nous devions donc passer devant eux, se faire insulter et baisser les yeux. Je continuerai à aller vers les manifestants, les barrages ou toute action sociale car en tant que démocrate, je crois en la force du dialogue.
  3. Enfin, dans cette réponse, il n’y a aucune condamnation de la violence. Pire, la victime est coupable ! Un peu comme cette fille qui se fait harceler et que des raisonnements aussi stupides que ceux tenus ici amènent à faire dire à certains que « sa jupe était certainement trop courte ». Ou ces policiers qui se font caillasser car leur présence serait « une provocation ». Dans le même registre, il y a aussi celui qui a été volé car « il avait une trop belle voiture ». 

Cette belle logique de gauche qui consiste à inverser le rôle entre l’agresseur et la victime. Cette logique moralisatrice qui justifie tout selon la nature de l’auteur uniquement. Ainsi, j’imagine déjà les images tourner en boucle si j’avais repoussé un manifestant. Pensez-vous, ils peuvent tout se permettre puisque la FGTB leur explique qu’ils subissent la violence sociale chaque jour.  Que de nombreuses choses soient à améliorer, à changer, à réformer est un fait et nous y travaillons mais le recours à la violence est le dernier argument de ceux qui n’en ont plus.
Alors, j’attends de Monsieur Bodson qu’il se montre comme un partenaire social digne, ce que sa réponse n’évoque pas. Qu’il assume ses responsabilités.
Plus globalement, il est inacceptable que toutes les structures dans notre société puissent avoir leur responsabilité engagée sauf celle des syndicats. Car cette fois, c’est juste une petite déchirure à l’épaule. Mais pour quelques centimètres, c’était le visage, l’œil qui pouvait être touché. Qu’aurait on dit dans ce cas ?
Ce qui compte ce n’est pas la conséquence de l’acte mais bien l’acte lui-même, en l’occurrence lancer sur quelqu’un qui est de dos un projectile. Le fait que Monsieur Bodson ne le réalise pas devrait l’amener à se remettre en question. Plus globalement, c’est son organisation qui ferait bien de réfléchir avant de faire monter la tension. Les interviews de Monsieur Verteneuil qui attisent la colère, diffusent des messages qui sont faux en sont les parfaites illustrations. Il évoque un retour à l’esclavage. Connait-il le sens de ce mot ?
Face à tant de dérapages et au risque que ces derniers font courir à un débat public démocratique, respectueux et apaisé, il est nécessaire que les syndicats assument leurs responsabilités en recevant une personnalité juridique, qu’il y ait une transparence sur l’argent public qu’ils reçoivent, qu’ils ne paient plus les allocations de chômage grâce à l’argent public qu’ils n’ont pas collecté mais qu’ils aient aussi une véritable indépendance à l’égard des partis politiques. Et non, il ne s’agit pas d’une attaque contre les syndicats, c’est au contraire les prendre au sérieux et les faire entrer dans la modernité que de les amener à se réformer pour un dialogue social plus efficace que le fait de quitter la table avant même le début de la négociation comme ce fut le cas il y a quelques jours. Ca n’est qu’à ces conditions qu’ils pourront être considérés comme des partenaires sociaux crédibles dont le rôle initial est la défense des intérêts des travailleurs et non de la mise en scène ou les jeux politiques.

Georges-Louis Bouchez.