Georges-Louis Bouchez était l’invité de Martin Buxant sur LN24 ce lundi 9 janvier. Il est longuement revenu sur le projet d’accord nucléaire (toujours en négociations lors de son passage) et sur la réforme fiscale.
Quelques heures avant que le Premier ministre ne présente l’accord nucléaire conclu avec Engie, Georges-Louis Bouchez était sur le plateau de LN24 pour saluer le travail réalisé. « A ce stade, l’objectif est atteint, certes avec un peu de retard puisque le gouvernement devait aboutir le 31 décembre et que nous sommes le 40 décembre », ironise-t-il.
Pour Georges-Louis Bouchez, le mérite revient d’abord au Premier ministre Alexander De Croo. « C’est lui qui a négocié. Et depuis qu’il a repris la négociation en mains, elle a bien eu lieu. Avant, ce n’était pas le cas. La Belgique en sortira gagnante car cela garantit notre sécurité d’approvisionnement et l’intérêt des contribuables belges est préservé. Enfin, une société commune sera mise sur pied pour gérer l’exploitation des réacteurs, ce qui responsabilise le gouvernement dans son approche », explique-t-il.
Ces réacteurs fonctionneront en novembre 2026. Il y aura une interruption préalable pour permettre les travaux qui permettront de les prolonger de dix ans.
Georges-Louis Bouchez met cependant en garde. « Il reste la question de l’hiver 2025. Il va nous manquer un giga de capacité cette année-là. C’est pourquoi nous proposons la prolongation de trois autres réacteurs ». Elia a en effet tiré la sonnette d’alarme et la seule alternative est la construction de centrales au gaz. « Mais qui veut aujourd’hui être dépendant du gaz, et donc de la Russie ou du Qatar », se demande le président du MR. Sans oublier les émissions de CO2 engendrées par ce type de production…
Clairement, pour le MR, le nucléaire cumule les avantages : maîtrise des prix, autonomie géopolitique, pas d’émission de CO2. Une énergie dangereuse ? « Descendre les escaliers est une activité dangereuse », répond Georges-Louis Bouchez. « Les centrales nucléaires sont les structures industrielles les plus surveillées au monde. Le risque zéro n’existe pas mais il est maîtrisé et contrôlé. Dans la vie, il y a toujours une balance entre avantages et risques. Les avantages sont plus nombreux. Le mix d’avenir, c’est nucléaire et renouvelable ».
Georges-Louis Bouchez évoque également plus largement son projet de société basé sur une société plus juste. « C’est le fil conducteur de notre action », dit-il. Cela passe notamment par une baisse de la fiscalité, qui doit être financée par l’activation des demandeurs d’emploi. « Or, le projet du ministre des Finances actuellement vise à financer cette baisse par la hausse de la fiscalité pour d’autres travailleurs. Je soutiens sa volonté de baisser la fiscalité sur les travailleurs de 6 milliards et de la compenser seulement pour 3 milliards. Mais où va-t-il chercher cet argent ? Nous on veut une réforme du marché du travail pour diminuer les dépenses publiques. Augmenter notre taux d’emploi à 80% ferait rentrer 40 milliards d’euros en plus dans les caisses de l’Etat ».
Cette réforme a-t-elle des chances d’aboutir ? « Le PS veut-il aboutir », demande Georges-Louis Bouchez en retour ? « Sans réforme de marché du travail ou des pensions, on n’aura pas de réforme fiscale. Le PS a des compétences et doit les utiliser. On a déposé 25 propositions pour réformer le marché du travail. Elles sont chiffrées. Je suis prêt au compromis mais aucune n’est suivie actuellement et personne ne fait de propositions alternatives ».
Le président du MR se méfie des attaques contre les niches fiscales. « Les droits d’auteur sont une niche fiscale. La récente réforme impacte des journalistes pigistes qui ont de faibles revenus. Derrière les niches, il y a des travailleurs. On ne veut pas voir disparaître des secteurs entiers comme la recherche ».
Georges-Louis Bouchez se méfie tout autant des chiffres qui pointent une baisse du chômage. « Si les gens passent au CPAS ou à la mutuelle, ça n’a pas beaucoup d’intérêt », dit-il. « Ce qu’il faut, c’est augmenter le temps d’emploi et combler les 140 000 métiers en pénurie. On n’en fait pas assez en Wallonie et surtout à Bruxelles, région qui, si elle était un pays, serait le dernier de l’Union européenne en termes de taux d’emploi ».
Le président du MR conclut en rappelant son souhait que le gouvernement fédéral actuel aille à son terme « Il n’y a pas beaucoup d’autres combinaisons possibles, et l’instabilité c’est l’incertitude. Cela ne m’empêche pas d’effectuer un travail de conviction permanente. Car la campagne électorale ne dure pas trois mois et en 2024, si les électeurs veulent un gouvernement tranchant dans les choix, il faudra aussi qu’ils posent des choix tranchants dans les urnes ».