Georges-Louis Bouchez était l’invité de Thomas Gadisseux dans Matin Première. Il est notamment revenu sur la réforme des pensions, la prolongation du nucléaire et la future réforme fiscale.
Le président du MR est d’abord revenu sur les négociations difficiles qui ont mené à l’accord sur les pensions. Le Premier ministre a en effet reproché aux présidents de parti d’avoir critiqué cet accord avant même que l’encre ne soit sèche. « Le Premier ministre doit faire preuve d’un peu plus de respect pour ses partenaires », estime Georges-Louis Bouchez. « J’ai énormément de respect pour l’accord : c’est un grand pas en avant mais cela ne permet pas d’assurer la pérennité de notre système de pensions. Si on ne peut plus dire la vérité en politique, c’est embêtant ». Le président du MR se pose des questions sur la méthode de travail du travail, la manière dont les réunions sont organisées. « Une coalition tient grâce à l’équilibre entre les partis qui la composent », rappelle Georges-Louis Bouchez. « Or, l’ambiance était compliquée pendant les discussions. Il faut prendre soin des partenaires si on veut des accords ». Pour le président du MR, le gouvernement tiendra cependant jusqu’à la fin de la législature : « Nous avons un devoir vis-à-vis du pays. Mais les partis gardent leur spécificité et c’est le rôle du Premier ministre de maintenir l’équilibre ».
Cette réforme des pensions n’est donc pas une grande réforme aux yeux du MR. « L’objectif de l’accord de gouvernement était la pension minimum à 1500 euros, avec en contrepartie une série de conditions. Cet objectif est atteint puisqu’il faut maintenant 20 ans de travail effectif pour avoir une pension minimum complète. Mais l’autre grand objectif, la soutenabilité du système, n’est pas atteint ». Georges-Louis Bouchez explique en effet que le coût du vieillissement est un problème majeur dans notre pays, à mettre en lien avec le taux d’emploi trop faible. Les pensions pèsent aujourd’hui 10% du Produit Intérieur Brut. Ce sera 14% en 2050.
Autre dossier sensible : le nucléaire. Il n’y a pas encore d’accord avec Engie pour garantir la prolongation de deux réacteurs après 2025. « La ministre de l’Energie aurait dû s’agiter plus tôt car on a perdu bcp de temps », déclare Georges-Louis Bouchez, pour qui un accord est nécessaire avant que le gouvernement parte en vacances. « Il est évident que les atermoiements depuis 20 ans sur ce sujet n’aident pas à avoir une bonne position de négociation. Mais sans garantie pour le mix énergétique déjà pour cet hiver et en particulier l’hiver 2025-2026, il y a un vrai risque de black-out et d’augmentation du prix de l’énergie. Qu’est-ce qu’on attend ? », se demande le président du MR. Un accord serait cependant à portée de main. Des éléments ont été validés en Conseil des ministres restreint il y a deux jours. « Même l’Allemagne est revenue en arrière sur la sortie du nucléaire », rappelle Georges-Louis Bouchez. « Prolonger deux réacteurs ne sera pas suffisant. On doit envisager une prolongation plus large ». Le MR plaide pour un véhicule juridique commun entre l’Etat et Engie pour l’exploitation des deux réacteurs, afin que la Belgique retrouve la maîtrise de sa politique énergétique. Tout ce qui concerne le passé resterait à charge d’Engie. « Dans certains secteurs stratégiques, il n’est pas anormal d’avoir un rôle public important. Ce qu’on a bien fait de libéraliser, c’est la vente aux particuliers. Mais l’Etat aurait dû conserver une participation dans la production ».
Le président du MR a également abordé brièvement la proposition de réforme fiscale présentée dans l’ensemble des médias par le ministre des Finances Vincent Van Peteghem. « Aller dans le journal avant de présenter sa réforme au conseil des ministres n’est pas une bonne méthode », déplore Georges-Louis Bouchez. « Cependant, je partage l’objectif : réduire la fiscalité sur le travail. Mais je ne partage pas les moyens : il faut une réduction des dépenses de l’Etat ».
Enfin, Georges-Louis Bouchez a eu un mot pour Hadja Lahbib, nouvelle ministre des Affaires Etrangères. « Elle défendra nos valeurs libérales. C’est un bon choix car il permet au MR de s’ouvrir à un électorat plus centriste. Le MR est placé à droite sur l’échiquier politique francophone vu le très grand nombre de partis de gauche, mais le libéralisme a vocation à rassembler beaucoup plus largement ».