Pour garantir l’avenir de notre système de pensions et le paiement des pensions futures, on ne peut pas se contenter de mesurettes. C’est le message du président du MR, pour qui il est temps de mieux récompenser le travail.
Le gouvernement fédéral va bientôt débattre de la réforme des pensions. Une nécessité. La Commission européenne constate que si rien ne bouge, notre Produit Intérieur Brut va dériver de 1,2%, ce qui représente un montant de 6 milliards d’euros. C’est une menace réelle pour le financement future des pensions. « La seule politique sociale, c’est celle qui permet d’assurer leur paiement », a déclaré Georges-Louis Bouchez sur Bel RTL.
Le MR a transmis une quinzaine de propositions au gouvernement, traversées par deux grands fils conducteurs : la meilleure valorisation du travail effectif et la convergence entre les différents régimes de pension.
Pour le premier volet, le MR propose de revoir le bonus pension. Dans une interview à La Libre, Georges-Louis Bouchez explique qu’une personne qui chôme de 18 à 60 ans et qui travaille ensuite jusqu’à 63 ans a droit à la pension minimum (1637 euros) à laquelle s’ajoute un bonus de 156 euros. C’est énorme comparativement à un indépendant qui aurait 29 ans de carrière et qui n’a lui pas droit à la pension minimale (il aurait environ 960 euros). Le MR estime que ce bonus ne devrait être octroyé qu’à des personnes qui ont la possibilité de prendre leur pension anticipée. Il devrait également être accessible aux personnes qui peuvent prendre leur pension légale, pour récompenser les gens qui ont commencé leur carrière plus tard (avec la condition d’avoir au moins la moitié d’une carrière complète).
Georges-Louis Bouchez propose également de revoir les conditions d’accès à la pension minimum, en augmentant la durée de travail de travail effectif pour y accéder, ainsi qu’en mettant en œuvre la réforme immédiatement, et pas en 2034 comme initialement prévu. « Le MR ne veut pas remettre en cause les droits acquis des pensionnés », explique-t-il. « Je veux favoriser le travail et les personnes qui ont cotisé. C’est cela qui dérange le PS ».
Pas question non plus de revenir en arrière et de permettre à nouveau le départ à la pension anticipée à 60 ans comme le propose la ministre des Pensions. Pour faciliter les fins de carrière, le MR propose de mettre en place la pension à mi-temps, qui est dans l’air depuis plusieurs années. Elle permet d’augmenter ses revenus, puisque le travail continue à cotiser et augmente sa pension future, tout en levant le pied. Il y aurait bien sûr une condition de travail effectif pour y accéder. Elle pourrait aussi être accessible aux personnes qui ont atteint l’âge légal de la retraite et souhaitent continuer à travailler ensuite.
En matière de convergence des statuts, le MR propose de mettre un terme à certaines aberrations. Pour les salariés, une année de carrière doit compter minimum 104 jours pour être prise en compte dans le calcul du départ à la pension anticipée. Pour les indépendants, c’est 156 jours. Georges-Louis Bouchez propose que ce soit 156 jours pour tout le monde. Il est par ailleurs possible de partir à la pension anticipée sans jamais avoir travaillé durant sa carrière. Le MR propose une condition de travail effectif de minimum 30 années de 208 jours. Georges-Louis Bouchez souhaite également mettre un terme aux régimes spéciaux et permettre les départs anticipés sur base de la pénibilité du métier plutôt que du statut. Des adaptations en fin de carrière (via notamment de la mobilité interne) devraient également être possibles pour les métiers physiquement et mentalement difficiles à exercer une fois que l’on atteint un certain âge. Georges-Louis Bouchez souligne que la précarité (souvent liée à l’inactivité) tue davantage le travail. « De plus, l’espérance de vie en bonne santé d’un conducteur de poids lourds et celle d’un chauffeur de train ne doivent pas être très différentes, alors que le second pourra partir à la pension dix ans avant le premier », explique-til. Enfin, la différence est énorme entre la pension moyenne d’un indépendant (980 euros), celle d’un employé (1280 euros) et celle d’un fonctionnaire (2500 euros). Calculer la pension des fonctionnaires sur l’ensemble de leur carrière, et pas seulement les dix dernières années, permettrait de faire des économies. Ce « salaire différé » pour les fonctionnaires ne se justifie plus aujourd’hui.
Enfin, le MR s’oppose à tout renforcement de la taxation des pensions complémentaires, ce qui constituerait une nouvelle attaque envers les personnes qui ont travaillé. Et Georges-Louis Bouchez rejette vigoureusement l’idée de taxer les entreprises qui n’emploient pas assez de travailleurs âgés. « Le PS, qui détient le ministère de l’Emploi, ferait mieux de stimuler le travail et d’activer les demandeurs d’emplois, plutôt que de sanctionner l’entreprise », conclut-il.