Plutôt qu’une taxation des surprofits, le MR propose une ristourne automatique sur la facture des consommateurs financée par la mise en place d’une contribution temporaire de crise payée par les entreprises énergétiques. Mais pour Georges-Louis Bouchez, il n’est pas envisageable de parler des prix sans d’abord parler de la sécurité d’approvisionnement de notre pays. Il l’explique dans l’Echo, le Tijd et Sudpresse, et au micro de LN24 et BEL RTL.
Pour le MR, on ne peut évoquer le dossier des prix de l’énergie sans évoquer d’abord la question de l’approvisionnement. Pour Georges-Louis Bouchez, s’attaquer à un de ces deux problèmes sans s’attaquer à l’autre n’a pas de sens. « D’une certaine manière, en ne parlant que des prix, on fait des interventions sur les symptômes et pas sur la maladie », déclare-t-il à Sudpresse.
Concernant l’électricité, le risque de pénurie sera élevé entre décembre et février (période qui correspond à l’arrêt des centrales Doel 3 et Tihange 2). « Le premier point à aborder en Comité de Concertation, c’est donc notre capacité d’approvisionnement », poursuit Georges-Louis Bouchez. « Pour cela, le MR défend la prolongation de plusieurs réacteurs nucléaires (pas seulement les deux déjà prévus). Il en faut 5 ». Impossible ? « Je pars du principe que tout le monde sera raisonnable et rationnel. Entre les fables énergétiques et la science, j’ai choisi la science. Il ne faut pas se demander si Bouchez a raison, il faut juste écouter les ingénieurs ». Pour le MR, si le marché peut être rassuré sur notre capacité d’approvisionnement, il y aura beaucoup moins de fébrilité.
Il faut également constituer un stock stratégique de gaz, un filet de sécurité. Enfin, notre pays a besoin d’une stratégie crédible en matière de renouvelable. « Là, on doit se coordonner avec les régions. Il faut absolument qu’on ait des chiffres précis, des trajectoires précises de développement du renouvelable, pas seulement offshore. Aujourd’hui, on sait que les Régions n’arriveront pas à leurs objectifs en matière de renouvelable, que les véritables capacités sont surestimées ». Notre réseau électrique doit par ailleurs être renforcé. Cet été, les panneaux photovoltaïques ont produit tellement d’énergie que le réseau n’avait pas la capacité de l’accueillir. « C’est d’ailleurs la raison pour laquelle les Écolos ne veulent plus du nucléaire », explique Georges-Louis Bouchez. « Le problème pour eux, c’est que l’énergie nucléaire produit en continu. Il n’y a donc pas d’espace pour le renouvelable. Leur raisonnement : miser un maximum sur le renouvelable, avec en couverture une source d’énergie souple, c’est-à-dire qui s’active au moment où on en a besoin. C’est pour ça qu’ils veulent des centrales au gaz ».
Pour le MR, la guerre en Ukraine n’est donc pas la seule cause de la hausse des prix actuelle. « Aujourd’hui, le mégawattheure de gaz aux États-Unis est à 35 € ; en Belgique entre 165 et 200 €. Il y aurait donc de méchants spéculateurs européens alors que les spéculateurs américains sont des types corrects ? Je suis sidéré par la faiblesse intellectuelle des raisonnements de certains de mes collègues ! Le point de départ, c’est que les Allemands sont dépendants du gaz russe à hauteur de 50 %, l’Europe globalement à plus de 40 %. Les marchés ne fonctionnent pas sans rationalité. Je ne dis pas qu’ils sont toujours raisonnables, mais ce que les politiques ne veulent pas voir, c’est que la situation sur les marchés est le résultat de faits objectifs concrets dont ils sont responsables pour partie, c’est-à-dire une gestion énergétique calamiteuse ».
Georges-Louis Bouchez ne croit pas au blocage des prix. Les Etat qui ont choisi cette option paient la différence aux entreprises. Les citoyens paieront quand même la facture à travers leurs impôts. En revanche, il n’est pas opposé au découplage du prix du gaz et de l’électricité car cela pourrait diminuer les factures de moitié. « Le mode actuel de structuration du prix est fait pour favoriser le renouvelable, c’est la vision des écolos : mettre le prix du renouvelable au niveau du prix du gaz pour forcer les producteurs à en faire », détaille Georges-Louis Bouchez dans Sudpresse.
Concernant les prix, Georges-Louis Bouchez estime qu’on peut encore agir sur le prix des carburants via les accises. Il n’est pas contre une prolongation du tarif social élargi, mais s’oppose à une nouvelle extension, vu qu’il y a déjà deux millions de bénéficiaires. Le MR doute également de la faisabilité d’une taxation des surprofits des entreprises énergétiques. Légalement, ces sociétés paient déjà l’impôt des sociétés, et leurs bénéfices sont taxés par ce biais. On ne peut pas taxer deux fois la même chose. Cette taxation des surprofits présente donc un risque d’instabilité juridique. « Mais puisque les producteurs privés ne peuvent plus aujourd’hui garantir la sécurité d’approvisionnement, en raison des prix inabordables, l’État doit être en mesure d’assurer cette garantie en prélevant une contribution temporaire de crise », explique-t-il dans l’Echo. Exemple donné sur Bel RTL : « Aujourd’hui, les producteurs gagnent beaucoup d’argent parce qu’ils produisent de l’électricité à 35€/MWh grâce au nucléaire, mais ils la vendent 200€/MWh puisqu’ils doivent le vendre au prix du gaz. Avec une cotisation spéciale de crise, on pourrait taxer cette différence ». Cette contribution serait déterminée en se basant sur le mix énergétique de chaque entreprise concernée. « Comme le prix de l’électricité en Europe est déterminé par le prix du gaz, plus la part des énergies renouvelables et nucléaires est importante, plus les bénéfices sont élevés. Nous voulons prélever une contribution temporaire de solidarité sur cette différence, qui pourrait aller jusqu’à 50 à 60% ». Ceci pourrait couvrir la moitié du surcoût aujourd’hui réclamé au consommateur, via une ristourne directe sur la facture par les opérateurs.
Toujours afin d’agir sur les prix, le MR demande que les recettes obtenues par l’Etat via la TVA retournent vers les citoyens. Georges-Louis Bouchez réclame aussi l’arrêt du subventionnement de l’éolien offshore, qui est en mesure de se passer d’un tel soutien public. Enfin, il est important que les mesures prises profitent également aux PME et indépendants. « Je vais être clair : s’il n’y a rien pour les PME et les indépendants, il n’y aura pas d’accord », dit-il sur Bel RTL. « C’est un enjeu fondamental sur le plan économique pour notre pays. La fameuse sobriété voulue par les ECOLO, on voit ce que ça donne : ça crée la précarité pour les classes moyennes. Il faut une consommation intelligente, mais pas demander aux gens qui n’ont déjà rien de faire des efforts », conclut Georges-Louis Bouchez.